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Dans le Monde et le temps

Dans son ouvrage « Le sport de la marche en France et à travers le Monde », François Guilleux signale que des épreuves de marche existaient dès 1226. En 1485, un Semur – Autun – Semur est organisé. En 1709, dans la lignée des footmen anglais, alternant marche et course, le Russe Vronov parcourt d'une traite les 380 km séparant Moscou de Smolensk en privilégiant la marche.

À la fin du XIXe siècle les épreuves les plus populaires sont des marches de 6 jours. Ainsi en 1877 le Britannique O'Leary réalise 520 miles en (897 km). Parallèlement aux épreuves d'endurance, l'Angleterre organise des courses de marche, dite de vitesse. Le premier championnat du Royaume-Uni a lieu en 1866 sur 7 miles (11 263 m). John Chambers, de l'équipe d'aviron de Cambridge, l'emporte avec un chrono de 59'32.

 

Du programme des Jeux Olympiques à la parité

C'est avec un 10 miles que la marche s'inscrit à ses premiers Jeux Olympiques. Ainsi, en 1908 à Londres, un policier britannique de 33 ans, Georges Larner, devient le premier champion olympique de marche athlétique. L'Olympiade suivante, l'épreuve se réduit à 10 km. Cependant l'édition suédoise de Stockholm en 1912 mettant en lumière cette marche dite de vitesse intrigue l'un des premiers techniciens de l'athlétisme français, Émile Anthoine (1882 - 1969).

Avec des chronos réalisés en 1902, Émile Anthoine reste le seul athlète détenteur des records de France du 100 km course (7h25) et marche (10h15). Néanmoins passionné de geste sportif, il s'emploie également en 1920 à battre des records de vitesse à l’École Nationale de Joinville. Actif dans une trentaine de discipline, Anthoine restera l'homme qui, marche et course confondues, battra 21 records du Monde et 85 records de France.

Toutefois, aux JO de 1920 à Anvers et ceux de 1924 à Paris Ugo Frigerio s'octroie le 10 km marche. Mais l'Italien âgé de 19 ans lors de son premier titre ne pourra tripler en 1928 à Amsterdam, la marche ayant été retirée du programme olympique car la Fédération Internationale d'Athlétisme Amateurs ne reconnaît plus le sport de la marche suite à des incidents d'arbitrage survenus en 1924. Émile Anthoine quitte par conséquent la Fédération Française d'Athlétisme pour créer la Fédération Française de Marche en 1925, qui deviendra l'Union Française de Marche en 1929 après sa reconnaissance officielle par le Haut-commissariat aux sports.

Néanmoins la marche reprend sa place aux JO de 1932 à Los Angelès par un 50 km masculin auquel viendra s'ajouter un 20 km en 1956 à Melbourne. Pourtant si la discipline tient son rang dans les épreuves olympiques, elle ne s'adresse qu'aux hommes. Barcelone en 1992 rectifiera cette irrégularité en offrant aux dames la possibilité de marcher sur une épreuve de 10 km qui est passée à 20 km depuis 2000 à Sydney.

Le championnat de France connaît également un écart de pratique homme-femme. Le premier champion de France de marche fut Henri Quintric de l'ASPTT Paris en 1931 (50 km en 4h42'54). Il faut cependant attendre 44 ans pour que les féminines connaissent pareil honneur. C'est à Jacqueline Daniel-Delassaux de l'US Bannalec que reviendront ces premiers lauriers au terme d'un 5 km couvert en 24'17.

 

Et en Vendée

Le département qui a accueilli en 2014 les championnats de France de marche à Fontenay-le-Comte va attendre la moitié du XXe siècle pour inscrire la marche à son paysage athlétique. André Guigné, ancien Conseiller Technique Départemental et personnage incontournable de l'athlétisme vendéen se souvient : « J'ai pris mes fonctions de CTD en 1966. À cette époque les deux clubs de la Roche sur Yon, La Vendéenne et le FC Yonnais, se souciaient peu de la pratique de la marche. Toutefois, un groupe de quelques dizaines de marcheurs formaient le club de l'AMY (Amicale des Marcheurs Yonnais). Cette association avait dû voir le jour au début des années 50 et s'est arrêté vers le début des années 70. » Une existence de deux décennies qui autorisera certains membres de l'association à être cités au palmarès des meilleures performances départementales durant plusieurs années. La mémoire collective pourra ainsi retenir que Fernand Arnaud, junior en 1967, réalisa au cours de cette même année 52'10''6 sur 10 km et 11 162 m dans l'heure. Les féminines ont aussi leur part de gloire. En 1970 la cadette Marie-Thérèse Besson boucle un 3000 m en 17'32. L'année précédente, alors qu'elle n'était que minime, elle couvre un 2000 m en 11'13''8. L'AMY comptait aussi des seniors dans ses rangs. En témoigne ce 5000 m réalisé en 30'35'' par Yolaine Charpentier sur la cendrée challandaise un jour de juin 1969.

Une fois l'AMY disparut, un club va prendre le relais de la culture du pas, l'Athlétic Club du Sud-Ouest Vendée basé à Moutiers-les-Mauxfaits. Porté en majeur partie par le Poitevin Jean-Claude Guion devenu résident Moutierrois, l'ACSOV va développer la marche athlétique de plusieurs manière. Tout d'abord des marcheurs de tous les âges vont émerger parmi les athlètes : « C'était un groupe d'une vingtaine d'éléments. Ceci était, à l'époque, relativement important pour un club d'athlétisme vendéen. » Un constat qui le serait encore aujourd'hui. Atout majeur pour cette entité, le microcosme de l'ASCOV se voit renforcer en 1977 par la venue de Jo Bouillon, jeune retraité de la SNCF et international français à une quinzaine de reprises. Son fils Joël se souvient : « J'avais juste un peu plus de vingt ans. Nous venions d’Étampes. Mon père arrivait sur sa soixantaine mais s'entraînait tous les jours. En Vendée nous ne connaissions personne. Mon père et moi-même avons d'emblée adhéré au discours et aux idées que véhiculait Jean-Claude Guion. » 

En 1978, démontrant la pluralité de niveau, le groupe de l'ACSOV enregistre des perfs allant de 11 307 m à 8804 m dans l'heure, et de 19490 m à 14 697 m lorsque celle-ci est doublée. C'est ainsi qu'emmené par cet élan collectif, Guion junior, Jean-Charles de son prénom, va assurer ses premiers pas de compétiteurs pour faire ensuite les premiers beaux jours de la marche de l'AC La Roche quand le club moutierrois s'associera à l'union du FCY et de la Vendéenne. Mais avant cela son père va multiplier les initiatives pour populariser la discipline qui l'internationalisera : «Il y a eu différentes manifestations. On essayait sans cesse de faire de l'original. Il y avait une course nocturne autour d'une place de Moutiers-les-Mauxfaits. Il s'agissait d'un relais entre un marcheur et un cycliste. Il pouvait aussi s'agir de show athlétique dont l'objectif était de montrer les gestes de l'athlétisme en associant ceux-ci à la lumière et la musique. C'était à chaque fois des paris fous. » Des défis qui permettront, entre autre, au public vendéen de côtoyer la vague montante des marcheurs français de cette époque (Jean-Olivier Brosseau -35e JO Atlanta de 1996 …) ; ou de faire accepter les marcheurs sur les épreuves sur route afin d'homologuer des chronos. 

Cependant le pari le plus insensé se fera appeler « les 72 heures de la marche » que Jean-Claude Guion, organisateur principal, présentait de cette manière : « C'était en 1980, une course à étapes avec un maillot de leader du classement général. Cela se passait exactement de la même manière qu'au Tour de France. Il y avait dix équipes de 5 coureurs chacune. Chaque équipe avait son sponsor et il y avait une caravane publicitaire d'une cinquantaine de véhicules. L'idée était née après une conversation avec Jean Robert, commercial d'un journal gratuit : Napol Hebdo. » De ces équipes de marques, Joël Bouillon se souvient : « Je faisais partie d'une équipe de Vendéens. Notre partenaire c'était Lismob, un marchand de meubles. Les lettres blanches détonaient parfaitement du fond bleu de nos maillots. » Jean-Pierre Remaud, autre marcheur de cette formation, se rappelle : « C'était des courses en ligne avec un départ d'une ville pour en relier une autre. Je me souviens que j'avais eu à cœur de bien terminer l'étape dont l'arrivée se faisait chez moi à Chantonnay. »

 

Autour de la place Napoléon

Ainsi au fil des ans la marche a pris place dans le département au point maintenant de compter chaque année des Vendéens sur les podiums nationaux. Le 12 mars, lors du championnat de France est ce que l'un d'eux s'ornera d'un des métaux dont ont fait les médailles ?

Si nul ne peut le prédire, l'endroit choisi pour la circonstance, la place Napoléon, a été de nombreuses fois le théâtre de l'épopée de la marche en Vendée.

Au plus profond des lambeaux de l'enfance, Dominique Guillet se souvient : « J'avais une dizaine d'années et je me rappelle que les marcheurs de l'AMY organisaient une compétition autour de cette place. » Quant au « tour de Vendée en marchant » fait d'étapes en ligne, il connaissait son apothéose autour de cette même place comme le rappelle Joël Bouillon : « La toute dernière étape c'était un contre la montre par équipe sur 5 km qui consistait à faire plusieurs fois le tour de la Place Napoléon à la Roche sur Yon. C'était plutôt roulant hormis les quatre virages pratiquement à angle droit qui cassaient un peu les jambes. »

De ces dernières dont il se disait que Napoléon gagnait ses batailles avec celles de ses soldats, il vaudra mieux qu'elles disposent de solidité et d'un peu de fraîcheur pour aider ceux qui viendront ici-même le 12 mars pour triompher.

Autour de la place, les virages sont moins raides qu'avant. L'aller-retour dans la rue Georges Clemenceau offre à présent une alternative à la monotonie de tourner en rond. Néanmoins, même s'il s'agit seulement de placer ses pas dans ceux des glorieux aînés, arpenter la place Napoléon sera l'occasion d'écrire une nouvelle page de la marche athlétique en Vendée.

Une nouvelle phase de l'épopée !

​PETITE HISTOIRE DE LA MARCHE

Plus d'articles
Michel MILCENT - 17/02/2017

Le Pionnier

Né en 1984 de la fusion de deux clubs yonnais, le FC Yonnais et la Vendéenne, auquel est venu s'ajouter l'ACSOV de Moutiers les Mauxfaits, l'Athlétic Club de la Roche sur Yon a toujours su entretenir avec la marche un rapport qualifié de connaissance. En effet si les deux premières entités cités n'avaient pas de véritable lien avec la discipline ; l'association moutierroise, sous l'influence de Jean-Claude Guion ; entretenait une véritable culture en ce domaine.

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L'exposition au regard

Dans « L'être et le néant Â» Jean-Paul Sartre relève ce constat communautaire sur lequel tout marcheur peut méditer : « Nous ne sommes nous qu'aux yeux des autres, et c'est à partir du regard des autres que nous nous assumons comme nous-mêmes. Â»

Sylvain Lopez, ex-marcheur de l'ACLR passé ensuite dans les rangs de l'élite cycliste amateur, constate : « Partir s'entraîner à la course à pied ou s'en aller rouler, cela paraissait totalement normal aux yeux de mes voisins.  Cependant lorsque je sortais pour allonger le pas je m'exposais à des réflexions de toutes sortes. Â»

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La progression marchée

Discipline à part entière de l'athlétisme, la marche athlétique associe une partie technique éliminatoire à la performance chronométrique. Loubna Hasseine, technicienne encadrant nombreux marcheurs de l'ACLR, résume : « C'est une progression effectuée pas à pas de telle manière que le contact avec le sol soit maintenu en permanence. La jambe avant doit être tendue du premier contact jusqu'à ce qu'elle se trouve en position verticale. Â»

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Parallèles

Il fut le premier international estampillé ACLR. Jean-Charles Guion porta à deux reprises en 1985 le maillot de l'équipe de France cadet.

Éloïse Terrec est née 30 ans après Jean-Charles. Le 4 mars prochain, à Halle en Allemagne, elle sera la prochaine internationale yonnaise et par conséquent la dernière en date.

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​Maëlle et Alexis, les arpenteurs de l'avenir yonnais !
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